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9 mai 2025

La pensée décoloniale en question(s)

Le séminaire de recherche militante, libertaire et pragmatiste ETAPE (Explorations Théoriques Anarchistes Pragmatistes pour l’Emancipation) a consacré un débat public le vendredi 14 mars 2015 dans la librairie anarchiste Publico à Paris au thème « La pensée décoloniale en question(s) ». Il s’agissait de discuter du livre collectif Critique de la raison décoloniale. Sur une contre-révolution intellectuelle (Éditions l’échappée, octobre 2024). Cet ouvrage constitue la traduction française partielle d’un livre en langue espagnole paru au Mexique en 2020 et coordonné par les chercheurs Pierre Gaussens et Gaya Makaran : Piel blanca, máscaras negras. Critica de la razón decolonial (México, Bajo Tierra Ediciones y Centro de Investigaciones sobre América Latina y el Caribe-Universidad Nacional Autónoma de México ; disponible gratuitement sur Internet pour celles et ceux qui lisent l’espagnol : https://www.academia.edu/44583790/Piel_blanca_m%C3%A1scaras_negras_Cr%C3%ADtica_de_la_raz%C3%B3n_decolonial).

Le courant décolonial est né de la rencontre d’intellectuels d’Amérique Latine (Edgardo Lander, Walter Mignolo, Aníbal Quijano, Enrique Dussel, Ramon Grósfoguel…) autour du groupe Modernité/Colonialité à partir de 1998. Ce courant au départ hispanophone est postérieur et différent des études postcoloniales anglophones, qui émergent à partir de la sortie du livre L’orientalisme de l’Américano-Palestinien Edward Saïd en 1978, avec aussi comme figure intellectuelle l’Indienne Gayatri Chakravorty Spivak.

Notre débat a réuni deux spécialiste du décolonialisme latino-américain :

  • Tout d’abord, le sociologue français Pierre Gaussens, vivant et travaillant au Mexique, chercheur au Colegio de Mexico, un des auteurs du livre et le co-coordonateur de la version mexicaine. Il a une vue globalement critique, mais pas uniforme, de ce courant intellectuel, à partir tout à la fois d’une expérience de recherche en Amérique Latine et d’un point de vue de gauche.
  • Et puis Capucine Boidin-Caravias, professeure en anthropologie à l’IHEAL (Institut des Hautes Etudes d’Amérique Latine, Université Sorbonne-Nouvelle). Elle a été pionnière dans l’introduction des études décoloniales latino-américaines en France, avec notamment plusieurs articles la revue Cahiers des Amériques latines1. Elle a une vue globalement positive, mais pas uniforme, de ce courant intellectuel, également à partir tout à la fois d’une expérience de recherche en Amérique Latine et d’un point de vue de gauche.

Le débat a été animé par Philippe Corcuff, professeur de science politique à Sciences Po Lyon et co-animateur du séminaire ETAPE.

À travers ce dispositif, le séminaire ETAPE a fait le pari d’un débat contradictoire, argumenté et nuancé. Ce débat s’est efforcé de donner une vue contrastée du décolonialisme, en fonction des auteurs latino-américains concernés mais aussi des usages nettement plus manichéens, et surtout directement militants et peu académiques, qui ont pu être faits de la référence « décoloniale » en France, tout particulièrement par les Indigènes de la République et leur ancienne porte-parole Houria Bouteldja2 et, dans leurs sillage, par l’émission Paroles d’honneur sur le Web. Vous pourrez juger sur pièces grâce à la vidéo ci-dessous.

rédaction du site de réflexions libertaires Grand Angle

1 Voir « Etudes décoloniales et postcoloniales dans les débats français », par Capucine Boidin-Caravias, n°62, 2009 ; « Une féministe décoloniale », entretien par Capucine Boidin-Caravias et Karine Tina avec Rita Segato, n° 100-101, 2022 ; et « Philosophie de la libération et tournant décolonial », entretien par Capucine Boidin-Caravias et Juliette Roguet avec Magali Bessone et Stéphane Dufoix, n°100-101, 2022.

2 Voir sur le site Grand Angle par Philippe Corcuff : « Indigènes de la République, pluralité des dominations et convergences des mouvements sociaux. En partant de textes de Houria Bouteldja et de quelques autres », 8 juillet 2015, et pour une synthèse actualisée en anglais : “An anarchist critique of the Indigenous of the Republic in France. Towards an intersectional anarchism”, communication at the Anarchist Studies Network 5th International Conference: “Decolonise!” (12-14 September 2018), University of Loughborough (UK), reprise sur le site Academia.edu.


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