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27 mars 2017

Comme des lions (2015) de Françoise Davisse

par  Silien Larios

Oublié de la denière cérémonie des Césars tout comme l’année précèdente, le très beau C’est quoi ce travail de Luc Joulé et sébastien Jousse. Mais souvent diffusé dans des rencontres militantes ou syndicale.

Comme des lions raconte façon chronique les événements sur plusieurs mois amenant une grève historique de 18 semaines à l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois. La réalisation caméra à l’épaule de Françoise Davisse est d’un grand éclat, tout comme son montage. Il s’agit bien d’un film de cinéma avec toute la splendeur du mot. Le courage physique est là. Une scène d’anthologie montrant une charge de CRS l’illustre. Françoise Davisse a pratiquement filmé la grève par effraction. Les murs des usines sont quasiment toujours fermés à la population non exploitée sur place. Ils ne s’ouvrent que pendant les grèves. Par les temps qui courent voir des ouvriers se battre contre un patron de choc ne peut qu’être revigorant.

Revigorant mais, pour moi qui ai vécu la totalité de la grève, les avatars d’avant : pas salutaires !

Uniquement le beau côté du miroir est montré. Le reste, les rivalités entre syndicats dirigeant la grève jamais filmées. Idem pour les dissensions entre ouvriers qui n’ont jamais été résolues. La réalisatrice avait pourtant porte ouverte dans les assemblées, puisque mandatée par la CGT pour filmer. Ce prisme ne permet pas d’expliquer pourquoi au plus gros de la grève le compteur était à 450 personnes en colère sur une usine de 3000 unités. La décomposition progressive des effectifs en lutte ne trouve pas également sa complète explication. Il y a bien sûr quelques échanges divergents entre grévistes. Au vu de la totalité du film, cela devient anecdotique. Comme dans tout film officiel, les militants de choc finissent par avoir raison… Passe ainsi à la trappe la non-réintégration des 4 ouvriers licenciés. Dans le film, elle devient fictive.

Il est sûrement encore trop tôt pour montrer dans un film sur une grève l’autre coté du miroir. Pourtant, à observer le délitement des effectifs syndicaux, personne n’est dupe. Des mythes doivent tomber. Jean-Pierre Melville, bien qu’à cent pour cent gaulliste, n’avait pas filmé que du valorisant dans L’armée des ombres. Il ouvrait ainsi la voie à d’autres films sur la résistance comme Le franc tireur de Jean Max Causse.

Ces réserves ne m’empêchent nullement de mettre en avant les qualités cinématographiques de Comme des lions. Les grands moments se succèdent à la pelle. Ne boudez pas votre plaisir en sachant par avance que tout miroir a son autre côté.

Silien Larios est l’auteur de L’Usine des cadavres paru aux Editions libertaires (2013).

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